Je ne veux, estant mort, d’une pierre taillée
Que l’on dresse sus moy un superbe tumbeau,
Fust il pareil à ceux, dont l’ouvraige nouveau
A rendu tant de fois l’Aegypte esmerveillée.
Je ne quiers point l’honneur d’un brave Mausolée,
Ne d’autre œuvre excellent de quelque bon cerveau :
J’ay choisy long temps à un sepulchre plus beau
Rendant, avant ma mort, ma vie consolée.
Les livres de sçavans, mon sepulchre seront,
Leurs vers mon epitafe, où toutes gens liront,
Que je leur ay porté faveur toute ma vie ;
Et je croy que quelqu’un qui mieux me cognoistra
Revoyant ses escritz, encores ajoutra
Que de leur faire mieux j’avoy bien bon envie.